Publié le 01.09.2022 | Texte: Amélie Poirel

En 2023, c’est au tour de la Fédération Wallonie-Bruxelles d’occuper le pavillon belge pour la 18è Biennale d’architecture de Venise qui se déroulera du 20 mai au 26 novembre. L’équipe pluridisciplinaire choisie à l’unanimité par le jury regroupe le collectif d’architectes Bento ainsi que la philosophe et psychologue Vinciane Despret. Issue de réflexions communes sur la soutenabilité de la construction, leur proposition « In vivo » met l’accent sur l’expérimentation de la matière vivante.

À cheval entre architecture, art et design, les recherches menées par Bento se concentrent notamment sur les possibilités du mycélium, partie végétative du champignon. Les trois jeunes architectes, Corentin Dalon, Florian Mahieu et Charles Palliez, étaient camarades de la faculté La Cambre-Horta. Lauréats du prix Europan 16 portant sur la thématique de la ville vivante, leur fascination pour ce matériau fongique et leur volonté d’agir concrètement se façonne. Vinciane Despret quant à elle, enseigne l’éthologie, science qui étudie le comportement des êtres vivants, humains comme animaux. L’équipe s’enrichit de multiples connaissances, en incluant également un scénographe, une anthropologue et un microbiologiste.

Partant du constat bien connu que le secteur de la construction est l’un des plus polluants, l’équipe souhaite agir plutôt qu’analyser. En mettant à profit le déjà-là, la matière vivante, ils aspirent à redonner de l’espoir. Leur philosophie mène à repenser le système productif actuel dans son entièreté, par l’emploi de matériaux locaux et générateurs d’activités spécifiques à un milieu. La scénographie se veut une expérimentation à grande échelle de matériaux du vivant. La terre crue, issue des terres d’excavation des chantiers de construction en fera également l’objet, en mettant en avant les filières de productions et projets belges qui s’inscrivent dans une démarche similaire de “valorisation de ressources locales pour la fabrication de ce territoire”.

Être à l’écoute du vivant, l’observer à travers une démarche moins anthropocentrée, pourrait également être vecteur de nouvelles formes d’habitat selon le collectif. Prendre en compte le territoire et ses acteurs dans leur ensemble nous conscientise sur notre interdépendance. L’intervention cherche à interroger nos modes de vie et l’impact de l’emploi de ces matériaux issus du vivant sur notre relation avec celui-ci. En résonance avec les thématiques portées par la curatrice de cette édition, Lesley Lokko, animée par les relations entre cultures, origines et architecture, le collectif souhaite également travailler sur une grille de mots alliant les concepts liés au vivant à ceux introduits par les chercheuses londoniennes Huda Tayob, Suzi Hall et Thandi Loewenson.

À travers ce processus d’expérimentation de la matière, tel un laboratoire, le collectif nourrit sa manière de concevoir et ambitionne une concrétisation spatiale de ses recherches. L’intervention vise à dresser un état des lieux des initiatives propres au territoire wallon-bruxellois avec comme ligne de mire la structuration d’une filière belge du mycélium. Désormais, il faudra patienter jusqu’à l’ouverture de la Biennale pour constater si les volontés énoncées seront assez lisibles pour susciter la réflexion et le changement de paradigme escompté.

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