Composer avec l’existant

À Liège, sur le site historique de l’ancienne caserne Fonck désormais dédié à la faculté d’architecture de ULiège, un concours est lancé afin de regrouper et élargir l’ensemble de la faculté avec de nouveaux espaces. Sur ce site déjà très dense, il est question de multiples enjeux. Les candidats s’engagent dans une réflexion pour trouver à la fois une nouvelle synergie du campus, une intégration sensible du patrimoine existant, ainsi que l’évolution possible des édifices. Parmi eux, cinq équipes ont soumis leur candidature, Robbrecht en Daem + Chora, Baukunst, Altstadt + Karamuk Kuo, Studio Muoto + Laboratoire + Baumans Deffet et les lauréats Office kgdvs.

Tel un principe, Office kgdvs tente comme à son habitude de définir un tracé clair, en “corrigeant” la géométrie de la cour d’honneur grâce au nouveau bâtiment linéaire qu’il implante. L’importance de la délimitation, de la limite se poursuit à travers le choix d’une façade comme un mur aveugle sur la rue Ransonnet, tandis que la façade côté cour s’ouvre au maximum. Cet édifice contenant les ateliers se définit “entre mur et coursive”. Il ose se fixer contre le bâtiment existant de deux étages, devenant ainsi un filtre à la lumière naturelle. Son ouverture maximum de l’autre côté suit donc la logique du nécessaire.

L’intention se situe également dans la définition d’adresses claires, grâce aux trois interventions des ateliers, de l’aula et du learning center. Ce sont de nouveaux lieux qui se veulent porteurs d’un imaginaire concret pour les étudiants afin de clarifier le site. L’aula est un volume qui prend la place du vide entre les deux bâtiments existants abritant la reprographie, les laboratoires ou encore des salles d’enseignement. Elle sert d’interface, en reliant les deux édifices et en devenant un nouveau lieu d’interaction. Mais elle met également en relation la rue et la cour centrale et entretient ainsi un lien avec la ville.

Parmi les autres propositions, on trouve deux tendances. L’une similaire à la démarche d’Office qui tente de composer avec l’existant, l’autre prévaut un geste plus indépendant. Les premiers, dont font partie Baukunst, se concentrent sur une partie du site et choisissent d’intégrer le nouveau volume dans le même vide que l’aula. On note une volonté intéressante de se saisir du concours pour en faire un programme pédagogique engageant les étudiants avec un chantier participatif.

Altstadt, en collaboration avec les Suisses Karamuk Kuo, tentent également de mieux définir le périmètre de la cour avec deux nouveaux volumes. Une innovante structure hybride de colonnes en béton et poutres en bois se dessine au sein du nouvel édifice à l’esthétique infrastructurelle.

Plus étonnamment, Robbrecht en Daem avec l’Atelier Chora proposent quant à eux une tour à plan carrée creusée par des vides et un patio central. Un volume davantage en écho avec des bâtiments hors site plutôt qu’en lien avec le contexte de l’ancienne caserne.

L’association des Parisiens du Studio Muoto avec les Liégeois de Laboratoire et Baumans-Deffet s’insère dans le même vide que Baukunst et Office. Cette fois-ci le bâtiment se hisse et prend de la hauteur par rapport aux autres et ne choisit pas la juxtaposition en laissant un léger écart avec les bâtiments existants. La façade, à l’allure d’un bâtiment de bureaux, offre une grande terrasse suspendue vers la cour et revendique (sûrement trop) sa singularité.

Tout est une question de seuil, d’interface, de jeu avec les volumes existants pour s’insérer justement. L’implantation ambitieuse d’Office crée un nouvel ensemble avec des “adresses” marquantes. Ce sont de nouvelles manières d’interagir avec l’existant. Il se pose évidemment les questions des vides, de la lumière, du manque de respiration et de mise en avant du patrimoine en choisissant de venir s’accoler à celui-ci. Cependant c’est une réponse qui essaye de rentrer en communion avec l’existant, tel un assemblage, plutôt que de se positionner sagement à l’écart. La volonté principale est de clarifier le site pour le rendre cohérent et lisible pour la ville.