L’Église Performante

Sur une place en forme de triangle au centre du quartier anderlechtois de Cureghem se dresse l’église néo-gothique Saint-François-Xavier. Le monument classé de 1915 est vide depuis plusieurs années et se dégrade à vue d’œil. Il est au centre du quartier mais n’interagit pas avec lui. Par sa situation et ses dimensions, il offre toutefois de nombreuses possibilités dans cet environnement. L’administration communale a donc acheté le bâtiment et lancé un concours à la mi-2021. L’église devait être entièrement restaurée et il fallait aménager l’espace pour des activités culturelles et sportives. L’association momentanée URA – ALTSTADT a apporté la meilleure réponse à cette demande.

L’Église Performante – c’est ainsi que l’association bruxelloise a baptisé son projet – se fonde sur le respect de l’église et de ses qualités spatiales extraordinaires. C’est pourquoi l’équipe touche le moins possible au bâtiment ; et là où cela se produit malgré tout, c’est de manière extrêmement lisible. Comme l’intervention consiste en un ensemble de constructions légères en bois, inspirées du mobilier d’église, elle donne également l’impression d’une certaine réversibilité. La conception du mobilier comporte nombre de références au style néo-gothique de l’église, allant des ornementations à la palette de couleurs.

Au centre de l’église, sous les voûtes de la croisée et des nefs, une école de cirque peut librement déployer ses activités. Les équipements d’éclairage, les agrès de gymnastique et de cirque, ainsi que les rideaux, sont fixés à des poutres entre les pilastres. Des fonctions de service sont intégrées dans les nefs latérales et dans les déambulatoires situés au-dessus. Elles flanquent la nef centrale comme de nouveaux confessionnaux.

Pour garantir à l’école de cirque un certain degré d’intimité, l’équipe construit une structure entre l’entrée principale et la croisée. Formant sur plan comme une inversion du chœur, elle transforme le côté est de la nef en galerie de circulation. Cette antichambre fonctionne comme un foyer autour de la cloison incurvée du meuble, une bibliothèque à deux niveaux. Comme un jubé, la bibliothèque protège l’école de cirque de l’entrée et de la rue. Le meuble relie les galeries de part et d’autre de la nef centrale ; comme une mezzanine sous les voûtes, il offre une belle place à l’orgue et au public lors des représentations. Le public peut également prendre place dans les gradins qui, bien qu’ils soient mobiles, se trouvent normalement à côté de la bibliothèque. Cette structure mobile et démontable peut s’utiliser librement dans d’autres endroits de l’église.

L’équipe relie activement l’église et ses fonctions à la ville environnante. Entre la ville et l’église sont placés des programmes qui peuvent fonctionner pour l’une et l’autre. Il en résulte des satellites qui montrent au passant ce qui se passe à l’intérieur. Sur le côté nord de l’église, à l’emplacement d’une salle de catéchisme qui n’a jamais vu le jour, un espace atelier est construit.  Il peut servir d’atelier pour l’école de cirque, mais il est aussi accessible aux riverains qui souhaitent réparer quelque chose. Cette construction de type serre abrite également du matériel de jardinage, utile pour les nouveaux jardins populaires situés derrière l’église. Le Circularium parvient ainsi à agir comme la charnière la plus efficace entre le bâtiment et le quartier.

Les autres satellites se concentrent sur les événements et le passage. Côté sud, le long d’une artère majeure du quartier, une terrasse est aménagée près de la cafétéria. L’ancienne sacristie accueille des artistes sur invitation. Ils peuvent jouer sur la terrasse s’ils le souhaitent, et peuvent également le faire sur le parvis, une scène extérieure avant le déchaînement acrobatique à l’intérieur.  Bordée de tribunes permanentes, la partie minérale de l’aménagement extérieur se prête également aux rencontres informelles en dehors des spectacles.

L’église François-Xavier, autrefois à l’abandon, est promise à un bel avenir. À découvrir dès 2025.