Reconversion de trois maisons de maître
La commune de Schaerbeek et renovaS asbl ont élaboré une procédure négociée pour trois maisons de maître du 19e siècle situées place de la Reine, à reconvertir en un nouveau Pôle d’Étudiants avec des logements pour ceux-ci. Cinq bureaux ont soumis leur candidature : Agwa + Barrault Pressacco (Gm), Czvek Rigby + Aha, Dmva Architecten + Dev-Space, Ici + L’escaut et enfin Import Export Architecture + Burobill. C’est cette dernière équipe qui a remporté le marché, en collaboration avec Burobuiten, Lime Engineering, Eaplus, Peritas et Roeland Tweelinckx pour l’intégration d’œuvres d’art.
Les trois parcelles occupent une position très stratégique entre deux lieux publics importants : à l’avant de la place se trouve l’imposante église Sainte-Marie, et à l’arrière, cachée à l’intérieur de l’îlot, la Maison des Arts, un centre d’art contemporain où sont organisées des expositions d’art plastique. Une partie du concours portait sur la création d’une connexion avec la Maison des Arts et d’un espace d’accueil avec guichet pour augmenter sa visibilité.
Étant donné que seule une des trois parcelles dispose à l’arrière de suffisamment d’espace ouvert pour réaliser la connexion demandée, les architectes ont choisi de le relier à la rue par un large axe traversant les parcelles. Le résultat est une plinthe vivante, accueillante, sur laquelle viennent se greffer toutes les fonctions publiques et collectives. Celle-ci forme d’emblée le cœur du projet et désenclave le programme non seulement en direction de l’îlot, mais aussi verticalement, vers les étages supérieurs où se trouvent les locaux conçus pour des événements, la conciergerie et, au-dessus, les ateliers et un caisson acoustique. Les trois étages supérieurs ont été aménagés pour l’hébergement d’étudiants.
Pour pouvoir insérer le programme demandé dans les habitations existantes, une extension du volume était inévitable. Trois nouveaux étages sont ajoutés au-dessus du volume existant, en tenant compte de la hauteur de couronne et de la volumétrie des bâtiments voisins. Cette « superstructure » est un peu en retrait des corniches des maisons existantes, ce qui permet de préserver l’élégance de leur silhouette et de libérer de l’espace pour des terrasses à usage des étudiants. En réintroduisant les toitures en shed d’origine sur les bâtiments de la zone intérieure, les architectes amènent de l’espace et de la lumière jusqu’aux rez-de-chaussée situés très bas et en grande partie enclavés.
Malgré les importantes transformations dont les trois maisons bourgeoises ont fait l’objet au fil du temps, elles présentent toujours les caractéristiques spatiales internes telles que bel-étages, enfilades et niveaux intermédiaires qui font l’intérêt architectural des habitations de cette époque.
« Nous sommes partis de l’échelle de la ‘maison’ telle qu’elle existe depuis déjà 150 ans sur la place, avec comme unité de base la ‘pièce’, explique Burobill. Nous avons filtré la typologie historique des lieux pour en dégager des outils de conception. En perçant des cloisons de séparation, nous créons de nouvelles enfilades et générons la possibilité que les pièces fonctionnent ensemble en séquences et dans plusieurs directions, comme de véritables “salles de séjour”. Cela permet de disposer d’espaces publics et collectifs plus vastes, mais aussi d’atteindre un plus grand degré de ‘customisation’ – les pièces devant être à la fois spacieuses et maîtrisables. À l’instar des nouvelles enfilades qui créent de nouvelles connexions, les entre-étages génèrent des vues traversantes dans différentes parties du programme. Nous considérons le programme du Pôle d’Étudiants comme une maison de quartier et comme la ‘maison de l’étudiant’. »