Publié le 19.04.2021 | Texte: Pierre Chabard | Photos: Maxime Delvaux

A+289 Rediscovering Craftsmanship

Cet article est disponible dans son entièreté dans A+289 Rediscovering Craftsmanship. Commandez votre exemplaire ou abonnez-vous à A+ pour ne manquer aucun numéro !

Au cœur du « cluster Paris-Saclay », mini « Silicon Valley » à la française, en chantier depuis une décennie au sud-ouest de Paris, Stéphanie Bru et Alexandre Theriot (Bruther), associés pour l’occasion à Adrien Verschuere (Baukunst), ont livré la résidence universitaire Rosalind Franklin en automne 2020. Logeant les deux parties du programme (192 logements sociaux étudiants dotés d’espaces communs et d’un local commercial; un parking souterrain et aérien de 491 places en partie réversible) dans un même bâtiment, en U autour d’un jardin partagé, le projet frappe par son étrange mélange d’intransigeance esthétique, d’engagement structurel et de générosité spatiale.

Comme les villes nouvelles dans les années 1970–1980, le campus du plateau de Saclay est un territoire d’investissement hyperconcentré dans l’espace et dans le temps. À ce titre, son visage architectural est aussi celui de l’époque. Si les édifices principaux sont dessines par des stars confirmées – OMA et Gigon Guyer (CentraleSupelec), Renzo Piano (École normale supérieure), Bernard Tschumi (pôle Biologie-Pharmacie-Chimie) ou Grafton Architects (Mines-Télécom) – les autres sont confiés à des bureaux émergents incarnant les tendances post-crise, que la revue Arch+ qualifiait récemment de «néo-réalistes»: le «Lieu de vie», équipement multifonctionnel pour les étudiants, est signé par Studio Muoto, les résidences universitaires par Tank, Data, Lan/Clément Vergély, 51N4E/Bourbouze & Graindorge ou l’AUC. Dans ce contexte, le bâtiment de Bruther et Baukunst est sans doute l’un des plus décisifs, l’un des plus démonstratifs de l’idéal collectif d’un rapport optimal entre « less » et « more », entre économie de moyens et agentivité architecturale.

L’édifice dresse ses six étages le long du nouveau boulevard, épine dorsale du projet urbain de Michel Desvigne, Xaveer De Geyter et Floris Alkemade, bientôt soulignée par le viaduc du métro du Grand Paris. Pourtant, rien de frontal dans cette architecture qui se présente plutôt comme un grand squelette habité, en béton brut, travaillé horizontalement par la vue et la lumière. Comme pour le centre SaintBlaise (Paris, 2011–2014), «Le Dôme» (Caen, 2013–2015) ou la résidence pour chercheurs (Paris, 2013–2017), le projet est ici envisagé comme un empilement de plateformes, dont l’occupation est rendue la plus libre possible par une optimisation du dispositif constructif (mais aussi par une hyperrationalisation des fluides). Fait rarissime pour ce type de programme – la partition très serrée des logements étudiants ne requérant pas de grandes portées – les architectes ont construit ce bâtiment comme une grande structure parfaitement régulière, dont les travées de 7,60 m sont capables d’accueillir aussi bien trois places de stationnement que trois chambres simples, deux studios, ou encore des bureaux.

 

 

Architect Bruther (mandatary) Baukunst
Website bruther.biz ; bau-kunst.eu
Official project name Student residence and reversible car park

Location Palaiseau, Essonne
Programme 192 student apartments, common spaces, garden and reversible car park
Procedure International competition

Client Établissement public d’aménagement Paris-Saclay, 1001 Vies Habitat
Structural engineering Batiserf
Service engineering Inex

Acoustics Gamba
Completion October 2021
Total floor area 9,750 m2
Budget € 21,500,000 (excl. VAT and fees)

À lire également

Inscrivez-vous à notre newsletter
  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.