Intensité sacrale

Z33, la nouvelle aile de la Maison d’art actuel, de design et d’architecture à Hasselt, est un Gesamtkunstwerk, une œuvre collective rarement représentée dans l’architecture contemporaine des centres d’art. Cette réalisation de l’architecte italienne Francesca Torzo a été achevée au début de cette année, mais en raison de la crise du Covid-19, son inauguration a dû être reportée en juin 2020.

Pieter T’Jonck (« The New Wing of Z33 », HART magazine, 02.03.2020) avait déjà donné une description méticuleuse et détaillée du bâtiment juste avant l’inauguration initialement prévue. À la fin de son article, il remarquait entre autres que le bâtiment offrait des expériences spatiales intenses susceptibles de constituer un défi pour les commissaires et les exposants. En effet, l’architecture de Z33 a une telle présence que les expositions devront inévitablement en tenir compte. Cela pourrait toutefois être un avantage plutôt qu’un inconvénient.

Le bâtiment est une extension de l’aile existante datant de 1958, dans le jardin d’un béguinage. Le design incroyablement sensible de F. Torzo nous confronte à un long mur aveugle côté rue. La façade est habillée de briques en losange au relief brut. Le bâtiment abrite une composition de salles, grandes et petites, hautes et basses, avec des fenêtres et des baies permettant d’entrevoir d’autres pièces, des vues sur le jardin ou l’intérieur de l’ancien bâtiment.

Dès qu’on traverse ce mur pour entrer dans le nouveau bâtiment, une riche séquence d’espaces attend le visiteur. Dans le hall, une vaste ouverture offre une première vue sur deux salles d’exposition baptisées les « Grandes Chambres ». Mais Torzo nous fait d’abord suivre une rue intérieure haute et longue, du côté intérieur de la façade aveugle donnant sur la rue. Ce parcours ne fait qu’annoncer les différentes expériences spectaculaires qui vont se répéter dans chaque salle. Tout au bout du passage, sur la droite, on pénètre dans la première salle dont le plafond est plus bas, et où deux colonnes élancées encadrent une cage d’escalier vue de dos.

Presque carrée, la première salle d’exposition jouxtant cet espace surbaissé est très haute, son plafond atteignant à nouveau la pleine hauteur du bâtiment. Une lumière zénithale y pénètre par un plafond à cassette, tandis que côté cour, une baie permet d’admirer le ciel. Pour atteindre les Grandes Chambres, nous devons retourner vers la cage d’escalier et la dépasser. Ici aussi, les plafonds captent inévitablement notre regard. Ils flottent en lignes courbes et s’agencent comme les facettes d’un diamant tandis que les lignes serpentent et dansent harmonieusement au-dessus des sols en béton et des murs blancs. Bien que les plafonds semblent aussi fluides que du sable, ils sont équipés de toutes les fonctions techniques requises pour les expositions. Les Grandes Chambres sont attenantes aux « Petites Chambres », plus intimes et – comme leur nom l’indique – beaucoup plus petites. Elles sont reliées entre elles en plusieurs lieux. Les passages entre les salles sont marqués par des ouvertures qui se rétrécissent, comme si Torzo voulait nous faire glisser à travers des murs aussi minces que du papier. Les salles du rez-de-chaussée se font face et n’offrent aucune vue sur l’extérieur. Les différences de dimensions et de hauteurs dictent d’emblée le contenu susceptible d’être exposé.

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