Jardin d’hiver toute hauteur
Stadt architecten, Fontaine, Bruxelles
A Bruxelles, le tissu reste fortement marqué par son passé industriel. Cependant, les usines et ateliers qui peuplent la ville et particulièrement les intérieurs d’îlots ne peuvent aujourd’hui plus s’épandre. La ville s’oriente désormais vers une politique de préservation de l’intérieur d’îlot végétalisé. Le patrimoine industriel, laissé pour compte, perdure cependant et cherche à trouver son rôle dans cette nouvelle époque et ses préoccupations contemporaines. L’intervention de Stadt architecten avec le projet Fontaine part de ce constat et travaille avec le bâti existant délaissé, un ancien atelier à reconvertir en habitat.
La parcelle comprend un bâtiment à rue reconverti en trois petites unités d’habitation et un ancien atelier de menuiserie qui devient une habitation aux dimensions plus généreuses et un atelier polyvalent sous la toiture. Ce remodelage du site réussit à préserver un espace vert de plus de 2’000 mètres carrés après la démolition des annexes existantes.
Dans l’ancien atelier, les deux nouveaux programmes sont regroupés dans un volume distinct. Cela permet d’offrir le confort nécessaire aux futurs habitants en isolant thermiquement l’habitation tout en conservant l’aspect industriel de la façade existante. L’ajout d’un espace d’entre-deux, un jardin d’hiver toute hauteur, entre le nouveau volume à la façade en verre et l’ancienne façade en brique de l’atelier offre une plus-value à la fois d’un point de vue spatial et du confort.
Cet “espace en plus” évoque l’architecture de Lacaton et Vassal, avec leur utilisation récurrente du “jardin d’hiver” qu’ils ajoutent aux façades des grands ensembles existants afin de les valoriser sans les démolir. Cependant, dans le projet de stadt architecten, à une toute autre échelle, c’est la façade existante qui reste au premier plan. L’ajout d’une façade de verre se fait à l’arrière de la façade existante avec un recul suffisant pour donner la possibilité à un nouvel usage. Une baie de grande hauteur vient percer la façade existante et éclairer ce nouvel espace d’entre-deux. Son cimentage aux contours d’une maison traditionnelle à deux pans donne l’impression d’être un volume annexe, tel un trompe-l’œil. Seule la descente d’eau qui longe toute la façade du bâtiment déjoue la fausse perspective et révèle que ces deux surfaces se situent dans le même plan. Le revêtement de sol en brique se prolonge à l’extérieur du jardin d’hiver et accentue encore davantage ce flou, cette porosité entre environnement intérieur et extérieur.
La structure bois apparente se révèle dans le jardin d’hiver. Elle se poursuit au sein des habitations aux finitions plus lissées qui contrastent avec la brique apparente. Telle une boîte en verre dans une boîte en brique, stadt architecten démontre une façon d’interagir avec le patrimoine industriel dans un milieu urbain. Ils travaillent l’espace de l’entre-deux, du seuil, élément de fascination architecturale tant il rend flou les limites entre intérieur et extérieur. Une démonstration d’une nouvelle façon de répondre à la juxtaposition du nouveau et de l’ancien.