La consolation de l’architecture
noA architecten, Coda, Wuustwezel
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L’asbl Coda à Wuustwezel est un lieu unique. Dans un nouveau bâtiment signé noA architecten, Coda réunit un centre palliatif de jour et un hospice, propose des soins à domicile, des soins palliatifs et un accompagnement du deuil. Le bâtiment abrite également le siège social du réseau de soins palliatifs de Campine du Nord (Netwerk Palliatieve Zorg Noorderkempen – NPZN), et ambitionne d’être un lieu de rencontre pour la communauté. Lorsque le Vlaamse Bouwmeester et le ministre en charge lancent un appel d’offres en 2012 pour d’ambitieux commanditaires, c’est Coda qui est sélectionné pour devenir un des cinq « Pilootprojecten Onzichtbare Zorg », c’est-à-dire projets pilotes soins invisibles. Coda a bénéficié d’une architecture de qualité, d’une attention professionnelle et de l’accompagnement d’un chef de projet pour élaborer la définition du projet et accompagner la procédure de sélection, avec une recherche par le projet. Alex de Kind, qui a débuté en tant que chef de projet chez Coda – dont il est le directeur depuis deux ans – partage sa vision du projet pilote.
Alex de Kind me reçoit dans les bureaux de Coda. Pendant que le café passe, par la grande fenêtre, entre les toits en bâtière de l’espace de vie du centre de jour, nous regardons le soleil de septembre dissiper lentement le brouillard matinal resté accroché sur les champs. Alex de Kind se lance immédiatement dans un récit enthousiaste sur ses ambitions pour Coda (et la manière dont elles sont bridées par tout un fatras de règlements), sur la traduction spatiale du bien-être (il n’aime pas vraiment le terme de « soins »), et sur l’importance des Pilootprojecten Zorg pour l’avenir de la société.
Le bien-être : une mission !
« L’univers des soins en Flandre est aussi morcelé que l’aménagement du territoire », me confie de Kind. Une des ambitions est de faire disparaître le cloisonnement entre les différentes institutions de soins, que ce soit au niveau de l’administration, de l’organisation ou de l’architecture. En amont du projet pilote, Coda a analysé les forces et les chaînons manquants dans le fonctionnement du centre. Parmi les exemples inspirants, on peut notamment citer les Maggie’s centres au Royaume-Uni et les nombreux hospices ou « bijna-thuis-huizen » aux Pays-Bas, c’est-à-dire des maisons permettant de vivre presque comme chez soi. « Lorsque Coda fut créé en 1996, on venait des Pays-Bas pour voir ce que nous faisions, explique Alex de Kind, mais aujourd’hui, c’est nous qui prenons exemple sur nos voisins du nord, parce qu’il existe très peu de centres palliatifs tels que le nôtre en Flandre ». Coda, qui est entouré d’un vaste réseau de partenaires, bénévoles et donateurs, veut également devenir un lieu de rencontre. « Notre barbecue annuel, qui était au départ destiné à collecter des fonds, a attiré cet été 2500 visiteurs, précise Alex de Kind en riant, – c’est ce que j’appelle un dégât collatéral du plus bel acabit. Le message que nous voulons transmettre est que Coda n’est pas seulement un lieu où les gens meurent, étant donné qu’il n’y existe aucun endroit où on vit aussi intensément qu’ici ».
Traduction spatiale
Alors qu’une agréable odeur de soupe échappée de la cuisine se répand dans les bureaux, Alex de Kind raconte comment il s’est penché sur la définition du projet avec Marlies Röhmer, conseillère en architecture, et Marc Cosyns, conseiller pour le volet des soins. « Nous nous sommes demandés comment donner un visage aux soins invisibles, comment créer un bâtiment susceptible de faciliter les soins de manière optimale ». Ensemble, ils ont cherché une façon de traduire le programme dans un master plan qui rassemble à la fois les soins et l’architecture. « La collaboration s’est déroulée de manière très organique. Par exemple, comme Marc Cosyns insistait sur l’importance d’un effet de seuil facilitant les soins pour toutes les parties concernées, Marlies Röhmer et moi avons émis l’idée des petites maisons d’hôtes, où les résidents pourraient avoir une porte avant et une porte arrière, leur permettant de se réunir dans un espace dédié. Coda a pour objectif d’être un lieu à dimensions humaines. « Nous visons l’approche la plus large possible des soins palliatifs, et voulons offrir un soutien au réseau de nos hôtes. Coda doit être un “chez-soi” où on prend l’apéro, où on partage les repas, et où personne ne porte d’uniforme ». Cette échelle humaine devait également être traduite dans l’architecture. Alex de Kind, qui a travaillé pendant plusieurs années avec un bureau spécialisé dans les conseils pour les bâtiments de soins, voulait éviter que Coda, par son aspect extérieur, ressemble à ce genre d’institution. « Nous voulons être un centre ouvert ; c’est pourquoi il était très important que le bâtiment donne l’impression d’être un ensemble ayant poussé de manière organique ».
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Architect noAarchitecten
Website noaarchitecten.net
Project name Coda
Location Wuustwezel, Belgium
Programme Palliative care centre: two day-care centres, hospice with eight rooms, five short-stay rooms, local service centre
Procedure Pilot Projects Invisible Care (Team Flemish Government Architect)
Client Coda vzw
Landscape architect Jan Minne Gardenist
Lead contractor Vanhout.pro
Completion June 2020
Total floor area 2,577 m2
Budget € 5,052,292 (excl. VAT and fees)
Product/Supplier Vande Moortel (bricks)