Les germes d’un futur souhaitable
Karbon – Stekke+Fraas – Matthys Gobbo, Seucha, Profondsart
A+297 Architecture of Energy
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Au cœur de l’étalement urbain wallon, le petit projet alternatif d’habitat groupé Seucha est porté par un collectif d’habitants auto-promoteurs. Sur une parcelle proche d’une gare, il juxtapose logements et maraîchage bio. Ensemble, les dix maisons mitoyennes forment un catalogue intéressant d’écoconstruction et de solutions énergétiques frugales.
En traînant un peu sur les sites habituels de pornographie architecturale, on tombe tous les jours sur un architecte qui vante sa dernière vaste villa quatre façades « immergée dans la nature ». So eighties ! Face à ce narratif qui continue à valoriser des objets séduisants, mais surtout toxiques et produits par des criminels climatiques avec un diplôme d’architecte, Seucha offre un contre-récit réjouissant.
Le projet s’initie autour d’un premier noyau de cinq familles. Elles trouvent un terrain de 4 hectares situé à 400 m de la gare de Profondsart, sur la ligne RER Bruxelles-Ottignies. Cette localisation répond aux objectifs d’usage réduit de la voiture. De cette grande parcelle, seule une bande de 45 ares est à bâtir, le reste étant en zone agricole.
Le plan-masse, dessiné par Karbon, interroge les gradations entre partagé et privé. Il s’organise autour d’un grand espace ouvert commun tourné vers le voisinage et bordé sur trois côtés par un bâti poreux : une aile de bâtiments partagés et deux ailes de maisons mitoyennes.
Les échanges avec les autorités sont positifs. Seule la Province du Brabant wallon, motivée à poursuivre obstinément ses mauvaises pratiques en matière d’étalement urbain1, trouve les maisons «trop petites» (alors qu’elles font 250 m2)2. La Province voudrait également « réduire la densité du projet» de dix à huit maisons. Heureusement, ces inepties ne seront pas suivies. En regard du « Stop Béton 2050 » wallon, on peut se demander pourquoi la Province, qui devrait être l’avocate d’un usage frugal du territoire, n’a pas demandé à ce que le projet soit deux fois plus dense, passant de 20 à 40 logements/ha. C’est pourtant ce que préconise le référentiel wallon « Quartiers durables » quand on est à proximité d’une gare.
En regard du récent et plus ambitieux encore « Moratoire sur les nouvelles constructions »3, on pourrait aussi arguer que ce projet aurait été plus soutenable s’il s’était implanté sur un terrain déjà anthropisé. Pas faux, mais il faut préciser que la démarche du groupe comporte un volet important de maraîchage bio. Le programme se complète également d’un atelier commun et d’une salle polyvalente. Cette dernière sert de lieu pour la collectivité restreinte des habitants et accueille également les voisins du quartier: chorale, yoga, concerts. Elle incarne un vrai « Nous », cette échelle sociale qui est tellement absente des quartiers de villas.
Les qualités de Seucha sont aussi cachées à l’intérieur densité du projet» de dix à huit maisons. Heureusement, ces inepties ne seront pas suivies. En regard du « Stop Béton 2050 » wallon, on peut se demander pourquoi la Province, qui devrait être l’avocate d’un usage frugal du territoire, n’a pas demandé à ce que le projet soit deux fois plus dense, passant de 20 à 40 logements/ha. C’est pourtant ce que préconise le référentiel wallon « Quartiers durables » quand on est à proximité d’une gare.
En regard du récent et plus ambitieux encore « Moratoire sur les nouvelles constructions »3, on pourrait aussi arguer que ce projet aurait été plus soutenable s’il s’était implanté sur un terrain déjà anthropisé. Pas faux, mais il faut préciser que la démarche du groupe comporte un volet important de maraîchage bio. Le programme se complète également d’un atelier commun et d’une salle polyvalente. Cette dernière sert de lieu pour la collectivité restreinte des habitants et accueille également les voisins du quartier: chorale, yoga, concerts. Elle incarne un vrai « Nous », cette échelle sociale qui est tellement absente des quartiers de villas.
Les qualités de Seucha sont aussi cachées à l’intérieur de chaque maison. On y retrouve un vaste catalogue de solutions constructives et énergétiques éco-responsables et frugales de chaque maison. On y retrouve un vaste catalogue de solutions constructives et énergétiques éco-responsables et frugales.
[…]
1 « Entre 1985 et 2015, les terres artificialisées wallonnes ont connu une croissance de 535,9 km2, soit + 26,2 %, ce qui correspond à une artificialisation moyenne de 17,9 km2/an. (…) Chaque Wallon continue à consommer toujours plus de ressources foncières pour son habitat, mettant en évidence une faible éco-efficience de l’utilisation de cette ressource.» Extrait de «Artificialisation et utilisation résidentielle du sol en Wallonie: quelles tendances récentes (2000–2015)?» de Julien Charlier, Isabelle Reginster dans Dynamiques régionales 2017/1 (no 5), pages 52 à 69.
2 Il faut convenir ici que la divisibilité de ces (trop ?) grandes maisons aurait dû être mieux pensée dès la conception.
3 Il a été lancé par un collectif dirigé par Charlotte Malterre Barthes (Harvard GSD) et Arno Brandlhuber (ETH Zürich). https://stopconstruction.cargo.site/INFO
Architects
Karbon’
Stekke+Fraas
Bruno Husquin
Magalie Braune
Geoffroy Matthys
Arkhé-Novis
Emilie Gobbo
Website karbon.be stekkeplusfraas.be arkhe.be
Project name Seucha
Location Profondsart (Wavre)
Programme Rural co-housing of 10 units
Procedure Direct commission
Client Private Structural engineering MC carré
Building physics Eureca
Lead contractor Paille-Tech – Gautier Nagant – BRJ Construction
Completion 2017
Total floor area 2,925 m2
Budget € 2,635,000 (excl. VAT and fees)