Parcours initiatique
Wittouck, Pierre Blondel, Bruxelles
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Le long de la fréquentée rue Wittouck à Bruxelles, la crèche conçue par Pierre Blondel propose un parcours initiatique. En prenant en compte la pente existante du terrain, le projet travaille avec elle, plutôt que contre. Une rampe se déploie pour desservir tout le bâtiment selon une promenade continue qui s’adresse en premier lieu aux enfants. Le nouveau volume entre en dialogue avec le jeu de pleins et de vides constituant le maillage existant. Il contient les quatre unités de 15 enfants chacune et la salle de psychomotricité en faisant preuve d’un dialogue respectueux avec les édifices voisins.
La rampe, figure iconique de l’architecture moderne, prend ici un rôle inclusif. Les enfants sont capables de l’emprunter à contrario des marches d’escaliers aux dimensions conçues pour les adultes. “Un escalier sépare un étage d’un autre, une rampe relie” disait Le Corbusier. C’est une topographie intérieure qui se dessine, respectueuse du terrain existant et qui l’exacerbe pour créer un paysage intérieur continu. Grâce au calepinage compact de son revêtement de sol en pavés de bois, la rampe s’adapte aisément à la pente. L’unicité de ce revêtement accentue la continuité du cheminement dont la forme reste contrainte par la profondeur de la parcelle. Le long de cette promenade, les reculs des volumes existants sont travaillés pour laisser place à des vides nécessaires. Par les baies généreuses, on observe ces patios propices à l’exploration des enfants. La rampe se prolonge en desservant les différentes unités et son apogée constitue une terrasse extérieure. De là-haut, on assiste au spectacle des patios et des enfants qui jouent, découvrent, apprennent.
Le long du parcours, des jeux de regards se créent entre la rampe et les unités qui sont toutes traversantes. C’est un franchissement actif où chaque pas mène à de nouvelles perspectives. Avec leur plafond également en pente, les unités cherchent à s’ouvrir au maximum vers les patios. Les pièces dortoirs, destinées à la sieste, nécessitent d’être visibles depuis les unités pour surveiller les enfants. Afin de conserver une certaine intimité et pénombre, les architectes conçoivent une paroi de bois ajourée séparatrice qui laisse passer le regard sans être trop exposé.
La façade présente un motif atypique, la répétition du dessin d’une girafe. A travers ce dessin, la revendication est claire. L’édifice se destine aux plus jeunes. Le béton utilisé s’inspire du musée du dessin d’architecture de Sergei Tchoban à Berlin, un béton presque semblable à de la pierre. Ce choix détermine une façade davantage fermée sur rue et respecte ainsi l’intimité des unités face à cette route fréquentée. Tandis qu’au niveau du trottoir, la façade recule et donne lieu à un porche. Avec ce jeu de volumes qui se plient, le bâtiment revendique son caractère public en contraste avec les bâtiments d’habitation alentour.
La crèche, en choisissant de travailler avec la pente devient un bâtiment complexe. Son architecture de patios et le travail avec les mitoyens pour créer des ouvertures offrent des perspectives variées le long de cette ascension. Les quatre unités, toutes uniques par leurs dimensions, leurs typologies, leurs relations avec l’extérieur spécifiques permettent de se les approprier plus aisément en présentant chacune une identité propre. Cette aptitude à se jouer d’une contrainte pour en faire le cœur du projet en requestionnant les manières de circuler et d’habiter à tout âge démontre l’enthousiasme qui a porté le projet.