Une grammaire sans sa matière

En 2022, Studio SNCDA signe la fin du chantier de son premier projet qui comprend un poste de pompiers pourvu de locaux administratifs et de trois logements d’urgence, surplombé d’une vaste salle polyvalente à l’adresse du quartier du centre historique de Dilbeek.

Studio SNCDA a remporté ce concours face à de grands pontes de l’architecture flamande en 2013, l’année de la fon­dation du studio. Sara Noel Costa de Araujo parvient ainsi à établir sa pratique en construisant à Dilbeek, en bordure bruxelloise de la Région flamande. Avec un zeste de bravade, elle décline une grammaire de la brique qui se réfère à un certain localisme flamand soutenu politiquement… sans avoir recours au moindre élément en terre cuite.

Expression architectonique

Entre l’Oudesmitsestraat et la chaussée de Ninove, le site est divisé en deux parties, toutes deux traversantes. La princi­pale reprend les deux programmes publics de la caserne et d’une vaste salle polyvalente. La rencontre entre ces deux programmes est rendue intelligible par le croisement de deux structures autonomes. Un pont en béton banché massif comprenant la salle polyvalente et les locaux administratifs des pompiers libère le sol pour les usages de la caserne et prend appui aux deux fronts de rue. Les rayons de giration des camions et la nécessité d’un démarrage rapide en cas d’urgence, ainsi que le partitionnement et la marche en avant permettant d’éviter les contaminations organisent l’usage du sol au rez-de-chaussée.

Les deux volumes adjacents à la salle polyvalente portent chacun sur un mitoyen et un mur oblique traversant l’espace de la caserne et qui en agencent les deux volumes de circu­lation. Chaque élément d’architecture visible est un élément porteur, et la rencontre entre l’appareillage de ces blocs struc­turels et le pont en béton banché rend claires la convergence des systèmes structurels et l’organisation spatiale globale.

Vocabulaire du béton

Les trois logements d’urgence attenants à la caserne occupent une bande résiduelle du site, le long d’un mitoyen résidentiel. Côté chaussée, la hiérarchie entre les fonctions publique et privée n’est pas lisible en termes de volumétrie, mais est sug­gérée par une variation de matière. La bande comprenant les logements est construite en blocs de béton rouge teinté dans la masse dont la mise en œuvre de l’angle tranché, sur le coin, révèle la vraie nature. Les dalles des étages sont soulignées par un liseré de béton, contrastant avec l’aspect monolithique du volume suspendu de la salle polyvalente.

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