Le livre que Stynen n’a jamais écrit
En 2018, Léon Stynen est placé sous les feux des projecteurs sur une initiative du VAi, de deSingel, de la Province d’Anvers et de la Ville d’Anvers. L’ouvrage Léon Stynen. A Life of Architecture (1899 – 1990), publié par le VAi, est paru le 11 octobre à l’occasion de l’inauguration de la rétrospective consacrée à l’architecte. Par les contributions historiques provenant des archives d’architecture de Flandre, la récente série de photos réalisée par Filip Dujardin et les essais thématiques qu’il contient, ce livre est bien plus qu’une simple compilation.
Léon Stynen. A Life of Architecture (1899 – 1990) commence par un survol de la carrière de Stynen, depuis sa formation en 1915 jusqu’au moment où il quitte son bureau en 1977. Dirk Laureys a scindé la vie de l’architecte en chapitres représentatifs de ses principales évolutions, tant professionnelles que philosophiques. « I constructed that beam in concrete and it was a revelation » (trad. libre : j’ai construit cette poutre en béton, et ce fut une révélation) a un jour déclaré Stynen à propos du magasin de tabac Vander Elst. En tant que gestionnaire de la collection Architectuurarchief Vlaanderen, Laureys, qui recueillit en 1988 les archives à la fois de Léon Stynen et de Paul De Meyer, tire parti de ces écrits rares pour éclairer le lecteur sur la formation de Stynen.
Malgré des angles d’approche très disparates, l’ouvrage se concentre sur les projets. La « chronologie visuelle » contient une sélection de dessins historiques, de photos de maquettes et de projets réalisés, ainsi que des photos de chantier illustrant, par exemple, l’avancement de l’impressionnante construction de l’immeuble BP (1959). De plus, des dessins originaux de projets non réalisés – notamment le Sportpaleis (1931) – et des documents sur le processus de création de « top-monuments » célèbres tels que le casino d’Ostende (1945) viennent compléter la chronologie et illustrent les évolutions décrites dans la première partie.
Ces « top-monuments » sont repris de façon claire, en introduction à la série de photos de Filip Dujardin. Par de nouveaux tirages, le photographe montre cette même série de monuments dans leur état actuel. Ce faisant, l’ouvrage s’interroge sur le sens qu’a encore aujourd’hui l’œuvre de Stynen et sur la manière dont elle a évolué – un thème plus amplement développé dans l’épilogue de Sofie De Caigny et Bart Decroos consacré aux interventions récentes, comme par exemple le Koninklijk Vlaams Conservatorium.
La dernière partie contient une série d’essais thématiques de différents auteurs qui approfondissent des sujets marquants de la carrière de Léon Stynen, notamment son rôle dans l’enseignement de l’architecture et le développement d’Anvers, véritable fil rouge dans le travail de cet « architecte officieux de la ville », pour citer l’essai de Bruno Notteboom et Bart Tritsmans. Des thèmes tels que les techniques de construction tentent en outre de combler les lacunes dans les études existantes, de sorte que le livre est un tremplin pour de futures recherches.
A Life of Architecture est un ouvrage de référence à la fois textuel et visuel destiné à tous ceux qui souhaitent apprendre à connaître l’œuvre et la vision de Léon Stynen. C’est également un point de départ pour le lecteur voulant découvrir les aspects sous-jacents de son travail, sorte d’amorce de l’ouvrage théorique que Stynen lui-même n’a jamais écrit.